Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/274

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et les lui faire tenir ? — Voici Auguste avec nous, et nous parlons de vous, ce qui fait attendre un peu plus patiemment le moment souhaité où vous arriverez dans la masure. Je bâtis toujours ; je suis en proie au flegme déguisé en maçon et à la lymphe masquée en charpentier. Aussi ma maison avance-t-elle comme celle d’un escargot. Cette sage lenteur me ruine par-dessus le marché. — À propos de ruine, j’ai donné à Toto, sous la forme de 70 fr., les 62 fr. 50 de la Revue de Paris. Soyez assez bon pour prendre ces dits 61 fr. 50 en commencement de remboursement.

À vous. À jamais.

Félicitez mon cher Louis Boulanger de son frontispice, qui est bien beau, quoique la photographie soit incomplète. Votre portrait par Nadar et le soleil est admirable. Remerciez Nadar auquel j’enverrai l’autographe (c’est ainsi que ça s’appelle) qu’il désire pour son album. Quel parti Crémieux prend-il sur l’appel ? Je suis toujours d’avis (— et Auguste aussi — ) d’en rester là[1].


À Alexandre Dumas.


Hauteville-House, 8 mars 1857.
Cher Dumas,

Les journaux belges m’apportent, avec tous les commentaires glorieux que vous méritez, la lettre que vous venez d’écrire au directeur du Théâtre-Français[2].

Les grands cœurs sont comme les grands astres. Ils ont leur lumière et leur chaleur en eux ; vous n’avez donc pas besoin de louanges, vous n’avez donc pas même besoin de remerciements ; mais j’ai besoin de vous dire, moi, que je vous aime tous les jours davantage, non seulement parce que

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Voici cette lettre, publiée par L’Indépendance belge du 2 mars 1857 :
    À M. Empis, directeur du Théâtre-Français.
    « Monsieur,

    J’apprends que le Courrier du Figaro signé Suzanne, est de Mlle Augustine Brohan.
    J’ai pour M. Victor Hugo une telle amitié et une telle admiration que je désire que la personne qui l’attaque au fond de son exil ne joue plus dans mes pièces.
    Je vous serais, en conséquence, obligé de retirer du répertoire Mademoiselle de Belle-Isle et Les Demoiselles de Saint-Cyr, si vous n’aimez mieux distribuer à qui vous voudrez les deux rôles qu’y joue Mademoiselle Brohan.

    Veuillez agréer, etc.
    A. Dumas. »