Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/433

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sans que j’eusse été informé, et sans mon autorisation. Il va sans dire que dans ma pensée, la responsabilité de ces vingt-six dessins en excès ne retombait aucunement sur vous. En outre, le graveur sur bois n’avait pas toujours été heureux. Pour faciliter la publication surtout au moment extrême où nous nous trouvons, j’ai fait une concession très grande ; j’ai concédé la permission de publier tous les dessins dont la gravure sur bois était réussie, savoir les numéros 1, 4, 6, 9, 13, 19, 20, 22, 23 et 24 de l’épreuve envoyée par M. Claye, en tout, avec le frontispice Chelles, onze gravures sur bois ; les quatorze autres ne peuvent être publiées ; et comme je n’en ai point autorisé la gravure, vous comprendrez que je doive tenir à ce que les clichés en soient anéantis ; et dans votre honorable et pleine loyauté, vous vous empresserez de les détruire. Les aciers font le plus grand honneur au beau talent de M. Paul Chenay ; on peut les tirer tous, excepté le portrait auquel j’ai indiqué des retouches essentielles et qui ne pourra être tiré sans que je l’aie revu et revêtu de mon bon à paraître.

Je suis charmé que M. Th. Gautier fasse un texte. C’est un grand poëte et un grand peintre. Consentira-t-il à amener dans son texte les dix gravures sur bois que j’autorise ? En dehors d’un texte imprimé auquel elles seraient mêlées, ces gravures sur bois n’auraient pas de raison d’être. Pour les étrennes (surtout pour les commandes à l’extérieur), c’est avant le 1er novembre qu’il eût fallu paraître. Cela était pourtant bien facile. Je regrette que vous paraissiez si tard, le 15 décembre ! Les commandes du dehors, je le crains, seront faites.

Ne lancez, je vous prie, aucun prospectus dont je n’aie vu d’abord l’épreuve. Cela est très important et M. Chenay a dû vous le dire.

L’Album, je crois, réussira, et j’ai bon espoir. J’eusse été sûr d’un très grand succès de vente immédiat, si vous eussiez paru le 1ernovembre. Croyez à mes plus affectueux sentiments.

Victor Hugo.

J’ai tiré sur vous, selon vos indications, pour le 10 décembre, la traite de trois mille francs qui vous sera présentée par la Old Bank, à laquelle je l’ai donnée en paiement.

Serez-vous assez bon pour transmettre cette lettre le plus tôt possible à M. Claye ?[1]

  1. Maurice Clouard. Notes sur les dessins de Victor Hugo.