Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome III.djvu/100

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Au même.

Tout à l’heure, j’ai eu comme un coup de poing. Le hasard me fait jeter les yeux sur la Voix de Guernesey et dans les premières pages, je vois ces deux rimes: ennemis-amis, bien que dans Voltaire, ne riment pas. Voilà ce qui s’était passé : j’avais fait deux vers ; celui qui a été imprimé et celui-ci qui ne l’a pas été :

Hélas ! vous voilà donc pour jamais endormis !

J’ai rayé le premier, à cause de la rime fausse amis-ennemis, et conservé le second qui est le bon. Julie, ma copiste, s’est trompée, a omis le vers conservé et maintenu le vers rayé. J’ai corrigé machinalement l’épreuve, ma bête n’a pas vu la bêtise et de cette façon me voilà avec une fausse rime sur la conscience. Priez pour moi, qui que vous soyez, corrigez la faute sur votre exemplaire en substituant au vers beaux, vaillants, etc., le vers : Hélas ! vous voilà donc... etc., et dites à tous les poëtes que vous rencontrerez que je leur demande l’absolution. Il n’y a pas de petites choses dans l’art.

H.-H., 2 Xbre 1867.
V. H.[1]


À Albert Lacroix[2].


H.-H., 3 Xbre.
Mon cher monsieur Lacroix,

Je viens de lire et d’annoter rapidement votre lettre à notre excellent ami commun M. Guérin. Elle contient beaucoup d’erreurs involontaires, et j’aurais pu multiplier les observations. J’aime mieux vous envoyer quelques bonnes et cordiales paroles.

Il n’y a entre nous aucun engagement pour l’avenir, ni partiel, ni général, ni pour un volume, ni pour dix, mais il y a, ce qui vaut souvent mieux que les traités, estime sérieuse et réciproque, et réel désir, de mon côté du moins, de continuer les relations d’auteur à éditeur. Je vous répète ce que je vous ai dit déjà à plusieurs reprises, que je désire conserver ma liberté et vous laisser la vôtre, que cela ne m’empêchera en aucune manière d’écouter, et, j’espère, d’accueillir vos propositions, si vous jugez à propos de m’en faire, quand j’aurai un ouvrage prêt à paraître, et que, dans tous les cas, il me

  1. Maison de Victor Hugo.
  2. Inédite.