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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome III.djvu/128

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amitié. Les gouffres qui sont entre nous[1] n’empêchent pas votre regard de chercher le mien et ma main de serrer la vôtre. Vous me donnez une de vos couronnes, vous qui avez droit à toutes. Comme poëte, vous êtes une voix de l’idéal ; comme critique, vous êtes une voix de la gloire.

— Pourquoi donc un laurier a-t-il poussé ici ? — C’est que Pétrarque y a parlé.

Ce qu’on disait de Pétrarque, on le dira de vous :

Où votre critique sème sa parole, le laurier pousse[2].


À Auguste Vacquerie[3].


H.-H., 30 avril.

Dans ma tristesse, les marques de votre amitié me sont bien douces, cher Auguste. Quelle lettre excellente vous m’avez écrite ! Vous m’analysez admirablement ces Sacy, ces Thierry, etc. — Gautier m’a touché par sa grande et belle page sur la Légende des Siècles. J’ai reçu par vous le vigoureux article d’Am. Blondeau. Dans tout ce qui me vient de bon, je vous reconnais. — J’espère que ma chère malade est maintenant tout à fait remise. — J’ai l’intuition que c’est notre doux petit Georges qui va revenir. Avant peu, nous serons tous réunis à Bruxelles. Vous nous y lirez du Faust. Je compte me baigner l’esprit dans votre lumière. Que je voudrais déjà tenir ce livre ! Je travaille, c’est ma ressource contre la tristesse, et j’espère, c’est mon appui dans le travail.

Soy todo tuyo.
V.[4].


À François Coppée.


30 avril 1868.

Cher poëte, je lis vos vers. J’y cherche et j’y trouve le charme. Le charme, carmen, endort la douleur. Je suis en deuil. Je viens de perdre un petit enfant, qui était de mon fils, plus que de moi par conséquent. Dans cette tristesse, je regarde les lilas fleurir, les hirondelles arriver, et votre beau poème rayonner. Vous avez tout mis dans ces Intimités[5], le cœur,

  1. Théophile Gautier était rallié à l’empire et familier de la Cour.
  2. Archives de la famille de Victor Hugo.
  3. Inédite.
  4. Bibliothèque Nationale.
  5. Les Intimités sont annoncées dans la Bibliographie de la France du 18 avril 1868.