vous en étiez digne ; vous partagez cet honneur avec presque tous les généreux écrivains du temps. Depuis le 2 décembre, qui défend le droit inquiète la justice.
Vous êtes condamné. De telles condamnations couronnent. — La peine qu’elles infligent a des contre-coups dans l’inconnu. Après de certaines sentences personnelles, le juge reste rêveur.
Subissez l’épreuve. C’est notre sort à tous. La démocratie vous en tiendra compte. Votre excellent journal croîtra en autorité et en sympathie parmi cette admirable et touchante population ouvrière de Saint-Étienne, si rudement éprouvée, elle aussi.
Hélas ! le fusil-merveille des prussiens a plus de bonheur que le nôtre ; on ne peut lui reprocher que Sadowa. Le nôtre n’a eu encore que deux victoires, Mentana et la Ricamarie. Du premier coup, il a frappé au cœur l’Italie, et du second coup, la France.
Recevez mon cordial serrement de main[1].
Cher Meurice, voici Herzen. Il vient de nous lire un chapitre de ses Mémoires : Mazzini, Garibaldi, Pisacane[3], Orsini[4], qui, je crois, avec quelques coupures et quelques atténuations, ferait belle et bonne figure dans le Rappel.
Vous en jugerez, ainsi qu’Auguste. Herzen, c’est le grand républicain russe.
Il y a ce vers dans Crommell :
- ↑ Lettre reproduite dans Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
- ↑ Inédite.
- ↑ Pisacane, révolutionnaire italien, combattit pour l’indépendance italienne. En 1848, il se joignit à Mazzini, collabora à l’Italia del popolo, fondé par Mazzini, retourna à Rome pour s’associer à la proclamation de la République.
- ↑ Orsini, révolutionnaire italien, prit part au soulèvement des Romagnes, puis à celui de Venise ; il fut arrêté en Hongrie, conduit à Mantoue et condamné à mort, mais il s’évada, vint à Paris et, en 1858, tenta d’assassiner Napoléon III qui, selon lui, n’avait pas assez soutenu les revendications des patriotes italiens. Orsini fut condamné à mort et exécuté.
- ↑ Bibliothèque Nationale.