Je n’ai rien reçu de M. R. Félix. Vous avez, n’est-ce pas ? limité les conventions à Lucrèce Borgia. Dans ces limites, je signerai le traité quand il voudra. Lucrèce Borgia a été lue aux acteurs le 2 janvier 1833 et jouée le 2 février, juste un mois après jour pour jour. Il serait curieux de reprendre Lucrèce Borgia le jour anniversaire 2 février 1870, après trente-sept ans.
La tempête a un peu molli chez nous. Le soleil revient. Je vous embrasse[1].
Je suis un solitaire et j’aime vos livres. Je vous remercie de me les envoyer. Ils sont profonds et puissants. Ceux qui peignent la vie actuelle ont un arrière-goût doux et amer. Votre dernier livre[2] me charme et m’attriste. Je le relirai comme je relis, en ouvrant au hasard, çà et là. Il n’y a que les écrivains penseurs qui résistent à cette façon de lire. Vous êtes de cette forte race. Vous avez la pénétration comme Balzac, et le style de plus.
Quand vous verrai-je ?
Je vous serre les mains.
Mon Charles, ta lettre m’arrive le jour même de mon Christmas des Petits Pauvres. J’ai foule chez moi, un speech quelconque à faire, etc. Juge de l’encombrement. Cependant je tâcherai de faire ce que le Rappel désire pour son numéro d’exception. Ce serait une lettre à toi sur ta condamnation. Je l’enverrais à Barbieux au Rappel par lettre chargée, elle arriverait samedi soir.
Victor t’a prévenu qu’étant absolument à sec, je ne pouvais vous envoyer fin décembre que 2 000 fr. (1 000 fr. à chacun). Vous recevrez le reste de votre trimestre le 10 janvier. Ces 2 000 fr. seront à Bruxelles le 29, comme tu le désires. Je t’embrasse tendrement, mon grand et doux Charles, et tous les bien-aimés autour de toi.