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Je n’ai encore reçu du livre que jusqu’à l’article de Th. Gautier (22 feuilles). Il est fâcheux que personne n’ait donné sur les doigts du faux frère de l’Avenir national[1].


À Madame Louis Boulanger.


Hauteville-House, 13 mars 1867.
Madame,

Louis Boulanger était un de mes plus chers souvenirs. Sa jeunesse et la mienne avaient été mêlées. J’avais donné, adolescent moi-même, la bienvenue à son beau talent. Aujourd’hui j’apprends la douloureuse nouvelle. Il est mort.

Madame, j’ai le cœur serré. Pendant que vous pleurez le compagnon de votre vie, je songe au doux et cher témoin de ma jeunesse, au jeune ami, au vieil ami. Hélas ! je mets à vos pieds, Madame, ma respectueuse tristesse.

Victor Hugo[2].


À Auguste Vacquerie[3].


H.-H., 14 mars.

Quatre lignes in haste, cher Auguste. Vous aviez raison de tout point. L’ébauche de lettre que je vous ai envoyée par ma femme, trop hâtivement faite, aurait même l’inconvénient d’énoncer une inexactitude, le théâtre n’étant pas libre jadis, et qui l’a éprouvé plus que moi ? Donc au panier cette paperasse. — Vous penchez pour oui. — La solution, en ce cas, ma dernière lettre vous l’indique, serait ceci :

— Oui, je consens, reprenez mes pièces. Je n’y mets qu’une condition, c’est qu’ayant été censurées jadis, elles ne le seront plus. Je n’admets aucune revision de la censure actuelle. Mon répertoire a été censuré une fois pour toutes. — S’il devait être soumis à un nouvel examen, je refuserais.

Ce serait mon sine qui non. Vous m’approuverez, je pense. De cette façon ma dignité serait à l’abri. Je dirais de mes pièces sint ut sunt, aut non sint. Et si le gouvernement refusait ma condition, et voulait me censurer de nouveau, tout le monde me comprendrait et me donnerait raison. L’obstacle

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Aristide Marie. — Louis Boulanger, peintre-poëte.
  3. Inédite.