pense qu’ils ont reçu l’envoi. J’ai fait le même envoi à MM. Ed. Thierry et C. Doucet[1]. En attendant, voici un remercîment pour les quatre. Voulez-vous les leur transmettre. Je reçois les journaux. Tout me semble admirablement réussi, grâce à vous, qui avez la puissance d’un maître et le cœur d’un ami[2].
Je viens de lire votre Apelles[4] Rien n’est plus doux que de s’oublier dans l’œuvre d’un autre. Votre livre est de ceux qui charment le solitaire. Vous êtes un savant de la jeune science, et il y a au fond de votre érudition cette divine perle, la poésie. Une mer à qui cette perle manque est sombre. Votre science, à vous, est riante, fraîche, lumineuse, ce qui ne l’empêche pas d’être profonde et forte.
Je vous remercie de la belle page de l’Artiste où vous avez enchâssé mon nom dans votre style exquis et robuste. Vous faites bien de m’aimer un peu ; vous me rendez la cordialité que j’ai toujours eue pour le poëte et l’écrivain dont vous continuez le beau nom ; vous êtes le jeune ami d’un vieil ami de votre père.
J’ai lu avec émotion votre magnifique article sur Hernani[5]. Vous savez ce que je pense de votre maestria. Être un tel maître de la critique, c’est être un maître de l’art. Vous êtes le poëte militant, combattant, au milieu des philosophes, pour l’idéal ; il y a en vous le penseur, plus l’artiste ; et vous mêlez aux dispersions confuses de la polémique fugitive, vos pages immortelles. Hommes et Dieux est un premier volume, et un jour, quand votre série d’œuvres-juges sera complète, on aura le puissant raccourci de l’art tout entier, harmonieux et complet, fait par vous, noble et splendide esprit.
Je vous remercie.