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À François Coppée.


13 novembre 1867.

Mon noble et cher poëte, je savais tout et je ne croyais rien[1]. Est-ce que vous n’êtes pas cristal et lumière ? Quis dicere falsum audeat ? Vous avez raison de m’aimer un peu. Mon cœur, poëte, est avec vous.

Victor Hugo.

Serrement de main à M. J. Christophe.

Ne connaissez-vous pas M. Jean Aicard ? J’ignore son adresse. Voudriez-vous lui transmettre ce mot ? Merci[2].


À Auguste Vacquerie[3].


H.-H., 14 9bre.

Je reçois votre lettre. Vous êtes grand en tout. Cher Auguste, vous pensez à moi quand c’est de vous qu’il s’agit. Je suis préoccupé de vos démêlés avec Thierry, non pour moi qui m’attends à tout et suis résigné à toutes les formes de l’exil, mais pour vous, c’est-à-dire pour nous, dont vos drames sont la joie et dont vos succès sont le triomphe. Que va-t-il advenir de votre état de guerre avec le Théâtre-Français ? Je comptais sur une grande œuvre de vous cet hiver. Vont-ils l’ajourner ? Je connais les vieilles chausse-trapes du Théâtre-Français, et Thierry a dû en ajouter de nouvelles. Renseignez-moi, parlez-moi de vous, de vos œuvres inédites et attendues, de ce que vous avez fait et créé cette année, du théâtre que vous choisirez, et de ce que nous devons espérer.

Je remercie mon cher Meurice d’accepter la surcharge du Français, ayant déjà l’Odéon sur les bras, et d’étendre à Hernani sa tutelle de Ruy Blas. Dites-le lui, mon pronostic est ceci : on poignardera Hernani et on supprimera Ruy Blas. J’en rirai, si vous avez, vous, un grand succès n’importe où : Où vous irez, la gloire ira.

Je vous serre les deux mains.

V.[4]
  1. On avait rapporté à Victor Hugo qu’en revenant de Guernesey, François Coppée aurait dit à des amis qu’il lui avait trouvé « l’air bourgeois ». Dès qu’il le sut, François Coppée protesta énergiquement.
  2. Mondain-Monval. — Victor Hugo et François Coppée. Revue Hehdomadaire, 4 juin 1910.
  3. Inédite.
  4. Bibliothèque Nationale.