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LE MANUSCRIT DU RHIN.

« … Entre la Ferté et Vieux-Maison, le conducteur m’a montré une maison de plâtre fort ennuyeuse à voir. Cela appartient à M. Scribe. Cela s’appelle Séricourt. Nom d’opéra-comique. Tous les champs d’alentour se laissent posséder par un vaudevilliste. Il y a là d’assez beaux arbres qui n’en peuvent mais…

« … Voilà, j’espère, une longue lettre, mon Adèle bien-aimée. J’espère que Charlot et Toto te sont revenus couverts de couronnes. Moi je te couvre de baisers. Fais-leur en part ainsi qu’à ma Didine et à ma Dédé. Amuse-toi bien. C’est hier que vous avez dû manger la fameuse hure. J’ai bien pensé à vous tout en cheminant. Mille amitiés à nos amis, et serre la main pour moi à ton père.

« Ton Victor. »

À la description de la plaine de Montmirail, un croquis de charrue renversée, après les lignes :

[Page 21.] « On ne voyait au loin que deux ou trois charrues oubliées, qui avaient l’air de grandes sauterelles. »

Hugo, Le Rhin, manuscrit, folio 15r (détail).


LETTRE III. — Sainte-Menehould. — Varennes.

Une première lettre d’attente, datée : Sainte-Menehould, 23 août, midi, se termine par ce post-scriptum :

« J’ai fait beaucoup de chemin, mon Adèle, depuis que cette lettre est commencée. J’ai vu Châlons-sur-Marne, dont je te parlerai dans ma prochaine lettre et Sainte-Menehould où je suis en ce moment. Mais je me dépêche de t’envoyer ces deux feuilles. J’ai besoin qu’il vous arrive à tous de bons baisers et de bonnes caresses de moi… »

Victor Hugo avertit sa femme qu’il arrivera à Paris le 28, à huit heures du soir et la prie d’envoyer de Boulogne une de ses deux bonnes pour être à ses ordres. Peut-être lira-t-il Ruy Blas aux acteurs le lendemain 29.

Suit la lettre annoncée :

Varennes, 24 août. Midi.

« Hier, mon Adèle, à la chute du jour, je cheminais dans la carriole de Sainte-Menehould, pensant à toi, chère amie, à nos chers enfants, à ton père, à vous tous, à votre petit arrangement de Boulogne où j’ai peur que vous ne soyez bien gênés, et aux deux ou trois amis qui viennent vous tenir compagnie le soir et causer un peu de moi avec toi. J’avais l’âme pleine de toutes ces idées, quand je me suis réveillé… »

Le récit du voyage, dans la lettre originale, se termine sur la phrase : « Louis XVI