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1835.


Montereau, 26 juillet. — 6 heures 1/2 du soir.

Bonjour, mon pauvre ange. Bonjour, mon Adèle. Comment as-tu fait le voyage ? Tu es arrivée et déjà, j’espère, quelque peu reposée au moment où je t’écris. Moi, voici où j’en suis.

Je suis parti hier matin à sept heures par le bateau à vapeur, et je suis arrivé à Montereau hier à sept heures du soir. J’y suis encore à l’heure où je t’écris, fort contrarié de ne pas trouver de voiture, et ne sachant pas encore en ce moment-ci si je partirai dans une heure pour Sens par la diligence ou demain matin en cabriolet pour Provins. Par Sens le détour est plus grand, mais je verrai Troyes et Châlons-sur-Marne. Autrement, je passerai par Provins, Coulommiers et Château-Thierry. J’ai affaire à d’affreux loueurs de voitures qui font tout ce qu’ils peuvent pour me rançonner. Mais je me défends.

Et toi, penses-tu un peu à ton pauvre mari ? Comment va notre Didine ? Baise-la mille fois pour moi. Serre la main de ma part à ton excellent père. J’ai quitté hier matin nos chers petits endormis, et je les ai bien baisés pour nous deux. Toto a passé la nuit avec moi, couché tout nu à mon côté. Il était charmant ainsi endormi quand je l’ai quitté.

À bientôt. Écris-moi. Je t’écrirai du premier séjour que je ferai. En attendant, je t’embrasse. Je t’aime bien, va, mon Adèle.

Mille amitiés à Pavie et à son père et à son frère. Je les aime tous comme tu sais.