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1871.




VIANDEN. — THIONVILLE.


1er juin. — Au moment de partir[1], je reçois d’Angleterre un télégramme ainsi conçu :

Harrow, 31 mai 1871.
Victor Hugo, 4, rue des Barricades, à Bruxelles.
Je vous offre l’hospitalité chez moi pour six mois.
L. Bowen.
Harrow.
England.

Je répondrai et je remercierai.

Visite du général polonais Ostrowsky. Il me dit : Puisqu’on expulse Victor Hugo, je m’expulse. Je quitterai la Belgique aujourd’hui même.


2 juin. — Luxembourg. Après le déjeuner nous nous sommes promenés dans la ville que le démantèlement a faite magnifique. Rien de beau comme le précipice fossé, ravin charmant et riant avec rivière, moulins et prairies, encaissé dans d’effroyables escarpements où reparaît la roche à pic cuirassée autrefois des roides murailles de Vauban.

Après le dîner, je suis retourné voir les fossés. Ils étaient splendides au soleil, ils sont terribles au clair de lune.


4 juin. — Nous sommes allés voir l’Hespérange, village dans une vallée de l’Alzette, à une lieue et demie de Luxembourg. Le lieu est charmant. Au-dessus du village sur la colline il y a une ruine très belle d’un château du onzième siècle. Je l’ai dessinée.


5 juin. — Les nouvelles continuent d’être hideuses. Terreur de plus en plus blanche. On craint pour Vacquerie.

La Gazette de Cologne dit que je suis à Londres.

  1. Victor Hugo ayant offert à Bruxelles, où il résidait alors, un refuge à tous ses concitoyens, appartenant ou n’appartenant pas à la Commune et poursuivis par le gouvernement français, avait été, pour la seconde fois, expulsé de Belgique.