Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., En voyage, tome II.djvu/65

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On arrive à cette chambre et à ce dîner par onze héroïques marches de treize pouces de haut et de trois pouces de large.

Tu communiqueras cette description d’un logis breton à ton père. Il est vrai qu’il te dira que ton Pontorson est en Normandie. Il est vrai, la carte dit : en Normandie, mais la saleté dit : en Bretagne.

Du reste, dans ce pays-ci, les cochons mangent de l’herbe. Il n’y a qu’eux qui soient propres en Bretagne.

La clôture des champs se fait au moyen d’une espèce de barrière formée d’un tronc d’arbre où sont piqués çà et là des morceaux de bois, laquelle barrière ressemble à un peigne. Cela devrait bien donner aux bretons l’idée de s’en servir (de peignes).

Dol, où j’ai déjeuné hier, a une belle vieille rue presque romane, avec des piliers à chapiteaux sous les maisons. La cathédrale, qui a un beau vitrail à l’abside, n’est qu’un grand délabrement.

Sans les vieilles tours du port et sans la mer, Saint-Malo offrirait peu d’intérêt. J’ai pris dans une anfractuosité du roc hier un animal hideusement beau que les gens du pays appellent crapaud de mer.

Je compte aller aujourd’hui à Dinan. Je ne sais trop si le temps me permettra d’aller jusqu’à Cherbourg, mais écris-moi toujours là. Je m’arrangerai de manière à ce que tes lettres viennent me retrouver si je passe par Caen. Je viens d’écrire à Boulanger. Je compte écrire demain à Mlle Louise. Dis aux enfants de lui écrire. Tu sais que cela lui fait plaisir, et elle est si bonne pour eux.

J’espère, mon Adèle, que tu continues de te plaire à Fourqueux. Je veux que tu t’y amuses le plus possible, et je finis en t’embrassant bien tendrement, ainsi que nos bons petits. Ne m’oublie pas auprès de ton père, et de nos bons amis Châtillon, Boulanger, Robelin, Gautier, etc.