de Louis Bonaparte, prononcées avec un accent si profond de loyauté, blâmèrent le général.
La Constitution à laquelle Louis-Napoléon Bonaparte prêta serment le 20 décembre 1848 « à la face de Dieu et des hommes » contenait, entre autres articles, ceux ci :
« Art. 36. Les représentants du peuple sont inviolables.
« Art. 37. Ils ne peuvent être arrêtés en matière criminelle, sauf le cas de flagrant délit, ni poursuivis qu’après que l’Assemblée a permis la poursuite.
« Art. 68. Toute mesure par laquelle le président de la République dissout l’Assemblée nationale, la proroge, ou met obstacle à l’exercice de son mandat est un crime de haute trahison.
« Par ce seul fait, le président est déchu de ses fonctions, les citoyens sont tenus de lui refuser obéissance, le pouvoir exécutif passe de plein droit à l’Assemblée nationale. Les juges de la Haute Cour se réunissent immédiatement à peine de forfaiture ; ils convoquent les jurés dans le lieu qu’ils désignent pour procéder au jugement du président et de ses complices ; ils nomment eux-mêmes les magistrats chargés de remplir les fonctions du ministère public. »
Moins de trois ans après cette journée mémorable, le 2 décembre 1851, au lever du jour, on put lire, à tous les coins des rues de Paris, l’affiche que voici :
« Le Président de la République
« Décrète :
« Art. 1er. L’Assemblée nationale est dissoute.
« Art. 2. Le suffrage universel est rétabli. La loi du 31 mai est abrogée.
« Art. 3. Le peuple français est convoqué dans ses comices.
« Art. 4. L’état de siège est décrété dans toute l’étendue de la première division militaire.
« Art. 5. Le conseil d’État est dissous.
« Art. 6. Le ministre de l’intérieur est chargé de l’exécution du présent décret.
- « Fait au Palais de l’Élysée, le 2 décembre 1851.
En même temps Paris apprit que quinze représentants du peuple, inviolables, avaient été arrêtés chez eux, dans la nuit, par ordre de Louis-Napoléon Bonaparte.