Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Histoire, tome II.djvu/192

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envahies par une immense armée noire. Pas un cri de commandement. Deux cent cinquante mille hommes vinrent, muets, faire un cercle autour du fond de Givonne.

Voici quel fut ce cercle :

Les bavarois, aile droite, à Bazeilles, sur la Meuse ; près des bavarois, les saxons, à la Moncelle et à Daigny ; en face de Givonne, la garde royale ; le 5e corps à Saint-Menges ; le 2e à Fleigneux ; sur la courbe de la Meuse, entre Saint-Menges et Donchery, les wurtembergeois ; le comte Stolberg et sa cavalerie, à Donchery ; sur le front, vers Sedan, la deuxième armée bavaroise.

Tout cela s’exécuta d’une façon spectrale, en ordre, sans un souffle, sans un bruit, à travers les forêts, les ravins et les vallées. Marche tortueuse et sinistre. Allongement de reptiles.

A peine entendait-on un murmure sous les feuilles profondes. La bataille silencieuse fourmillait dans les ténèbres en attendant le jour.

L’armée française dormait.

Tout à coup elle se réveilla.

Elle était prisonnière.

Le soleil se leva, splendide du côté de Dieu, terrible du côté de l’homme.