un si monstrueux naufrage, n’est-ce pas la mort d’un peuple ? n’est-ce pas la fin d’un continent ?
Non.
Tout a sombré, rien ne s’est perdu.
Tout s’est englouti, rien n’a péri.
Tout s’est abîmé, rien n’est mort.
Tout a disparu, tout reparaît.
Faites quelques pas, vivez quelques années, regardez : Voici le fleuve plus large, voici le peuple plus grand.
Le bruit formidable qui avertit et qui conseille, on l’entend toujours ; mais il n’est plus devant, il est derrière. Il y a cent ans, on l’entendait dans l’avenir ; aujourd’hui, on l’entend dans le passé.
Et les générations en marche reviennent parfois sur leurs pas pour voir ce que c’est que ce bruit ; et les siècles se penchent rêveurs sur cette chute d’une société et d’une monarchie, sur cette immense cataracte de la civilisation, qu’on appelle la Révolution Française.