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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Philosophie, tome II.djvu/575

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TAS DE PIERRES. — VI.

L’animal est la fin du connu, l’homme est le commencement de l’inconnu.

[1836-1840.]

Quand le sentiment de l’infini entre à haute dose dans un homme, il en fait un dieu ou un monstre : Jésus-Christ ou Torquemada.

[1856-1859.]

La conscience, c’est Dieu présent dans l’homme.

[1858-1860.]

L’âme est un océan dont les idées sont les flots et dont les passions sont les tempêtes.


La prière est un auguste aveu d’ignorance.

[1872-1874.]

Ma prière :

Dieu ! accordez-nous, en lumière et en amour, tout le possible de votre infini.

(Ensuite, je prie en détail, ce qui semble inutile. Mais non. Trop prier n’est pas plus possible que trop aimer.)

[1872-1874.]

Ceux qui vivent dans les cloîtres se détachent de tout ; ils cessent d’aimer leurs père et mère ; ils ne regardent pas le soleil. Il n’y a plus rien dans ce monde pour leur cœur ni pour leurs yeux ; ni la famille, ni la nature. Ils appellent cela aimer Dieu. Aimer Dieu pleinement, parfaitement, directement, pour lui-même. Sont-ils bien sûrs d’être dans le vrai. ? Aime-t-on l’ouvrier en dédaignant l’œuvre ? L’homme n’est-il pas fait pour aimer le créateur à travers la création et par la créature ? Dieu ne veut-il pas que cela soit ainsi ? Et le cœur et les sens ne conseillent-ils pas l’esprit dans ce sens ? Agir autrement, n’est-ce pas désobéir ? Or, aime-t-on bien quand on désobéit ? L’amour est une grande obéissance.

[1836-1838.]