ODE QUATRIÈME.
À MON PÈRE.
I
Quoi ! toujours une lyre et jamais une épée !
Toujours d’un voile obscur ma vie enveloppée !
Point d’arène guerrière à mes pas éperdus ! —
Mais jeter ma colère en strophes cadencées !
Consumer tous mes jours en stériles pensées,
Toute mon âme en chants perdus !
Et cependant, livrée aux tyrans qu’elle brave,
La Grèce aux rois chrétiens montre sa croix esclave !
Et l’Espagne à grands cris appelle nos exploits !
Car elle a de l’erreur connu l’ivresse amère ;
Et, comme un orphelin qu’on arrache à sa mère,
Son vieux trône a perdu l’appui des vieilles lois.
Je rêve quelquefois que je saisis ton glaive,
Ô mon père ! et je vais, dans l’ardeur qui m’enlève,
Suivre au pays du Cid nos glorieux soldats,
Ou faire dire aux fils de Sparte révoltée
Qu’un français, s’il ne put rendre aux grecs un Tyrtée,
Leur sut rendre un Léonidas.