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ODE QUATRIÈME.

LE SACRE DE CHARLES X.


Os superbum conticescat,
Simplex fides acquiscat
Dei magisterio.


Que l’orgueil se taise, que la simple foi contemple l’exercice du pouvoir de Dieu.
Prose. — Prières du sacre.


I

 
L’orgueil depuis trente ans est l’erreur de la terre.
C’est lui qui sous les droits étouffa le devoir ;
C’est lui qui dépouilla de son divin mystère
Le sanctuaire du pouvoir.
L’orgueil enfanta seul nos fureurs téméraires,
Et ces lois dont tant de nos frères
Ont subi l’arrêt criminel,
Et ces règnes sanglants, et ces hideuses fêtes,
Où, sur un échafaud se proclamant prophètes,
Des bourreaux créaient l’Éternel !

En vain, pour dissiper cette ingrate folie,
Les leçons du Seigneur sur nous ont éclaté ;
Dans les faits merveilleux que notre siècle oublie,
En vain Dieu s’est manifesté ;
En vain un conquérant, aux ailes enflammées,
A rempli du bruit des armées
Le monde en ses fers engourdi ;
Des peuples obstinés l’aveuglement vulgaire