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ODES ET BALLADES.

L’archevêque bénit l’épée héréditaire,
Et le sceptre, et la main austère
Dont nul signe n’est démenti ;
Puis il plonge à leur tour dans le divin calice
Ces gants, qu’un roi jamais n’a jetés dans la lice,
Sans qu’un monde n’en ait retenti !

VII



Entre, ô peuple ! — Sonnez, clairons, tambours, fanfare !
Le prince est sur le trône ; il est grand et sacré !
Sur la foule ondoyante il brille comme un phare
Des flots d’une mer entouré.
Mille chantres des airs, du peuple heureuse image,
Mêlant leur voix et leur plumage,
Croisent leur vol sous les arceaux ;
Car les francs, nos aïeux, croyaient voir dans la nue
Planer la Liberté, leur mère bien connue,
Sur l’aile errante des oiseaux.

Le voilà prêtre et roi ! — De ce titre sublime
Puisque le double éclat sur sa couronne a lui,
Il faut qu’il sacrifie. Où donc est la victime ? —
La victime, c’est encor lui !
Ah ! pour les rois français qu’un sceptre est formidable !
Ils guident ce peuple indomptable,
Qui des peuples règle l’essor ;
Le monde entier gravite et penche sur leur trône ;
Mais aussi l’indigent, que cherche leur aumône,
Compte leurs jours comme un trésor !