Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/452

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De la Clyde en courroux dompte les flots rapides,
Et Fait flotter au loin ses drapeaux orgueilleux.
Déjà s’offrent à lui les grottes de Cartlane [1],
Il entend mugir leurs torrens,
Et suit sur ces vieux monts l’aigle inquiet qui plane,
Étonné de voir des tyrans.

Mais dans son âme enorgueillie[2] ,
De ses projets hautains rien n’arrête l’essor.
Il rêve l’Ecosse avilie,
Il règne en espérance, et son camp siège encor
Près des champs vengeurs d’Ellerslie !


Sans songer au réveil, le superbe s’endort :
Bientôt devant ses pas, chargés d’obscurs nuages.
Des pics, menaçants et sauvages.
S’élèvent ; sur leurs flancs grondent les vents du nord ;
Autour d’eux leur grande ombre au loin couvre la terre ;
Et le sourd fracas du tonnerre
Dit que ces rocs affreux sont les rocs de Trenmor.

Édouard, le premier, à travers les bruyères
Guide en les rassurant ses agiles archers :
Tout s’ébranle ; et déjà les lances étrangères
Brillent sur ces sombres rochers,
Les soldats enivrés dévorent leurs conquêtes ;
L’aspect seul d’Édouard leur cache les tempêtes
Qu’entassent sur leurs fronts les nuages mouvans,
Les bataillons épais en colonnes s’allongent,
Ils marchent ; et leurs cris, que mille échos prolongent,
Se mêlent à la voix des vents.



Tout à coup, sur un roc dont la lugubre cime
S’incline vers l’armée et menace l’abîme,
Debout, foulant aux pieds les orageux brouillards,
Agitant leurs robes funèbres,
Aux lueurs de l’éclair qui perce les ténèbres,
Apparaissent de grands Vieillards.
Tels sur les roches nébuleuses
On a vu s’élever, dans les nuits orageuse,

  1. C’est des grottes de Cartlane que William Wallace ou Wallau ; seigneur d’Ellerslie, sortit pour délivrer l’Ecosse. (Note du manuscrit.)
  2. Les cinq derniers vers de cette strophe, publiés dans le Conservateur littéraire, sont supprimés dans l’édition originale (1822) [Note de l’éditeur]