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ODE TROISIÈME.

LES VIERGES DE VERDUN.


Et les vierges de la vallée d’Oahram vinrent à moi, et elles me dirent : Chante-nous, parce que nous étions innocentes et fidèles.


Le prêtre portera l’étole blanche et noire
Lorsque les saints flambeaux pour vous s’allumeront ;
Et, de leurs longs cheveux voilant leurs fronts d’ivoire,
Les jeunes filles pleureront.

A. Guiraud[2].


I

Pourquoi m’apportez-vous ma lyre,
Spectres légers ? — que voulez-vous ?
Fantastiques beautés, ce lugubre sourire
M’annonce-t-il votre courroux ?
Sur vos écharpes éclatantes
Pourquoi flotte à longs plis ce crêpe menaçant ?
Pourquoi sur des festons ces chaînes insultantes,
Et ces roses, teintes de sang ?

Retirez-vous : rentrez dans les sombres abîmes…
Ah ! que me montrez-vous ?… quels sont ces trois tombeaux ?
Quel est ce char affreux, surchargé de victimes ?
Quels sont ces meurtriers, couverts d’impurs lambeaux ?
J’entends des chants de mort ; j’entends des cris de fête.

  1. Nous publions toujours en tête l’épigraphe de l’édition originale. (Note de l’éditeur)
  2. Cette épigraphe a remplacé, à partir de 1828, l’épigraphe de l’édition originale. (Note de l’éditeur