ODE TROISIÈME.
LES VIERGES DE VERDUN.
Le prêtre portera l’étole blanche et noire
Lorsque les saints flambeaux pour vous s’allumeront ;
Et, de leurs longs cheveux voilant leurs fronts d’ivoire,
Les jeunes filles pleureront.
I
Pourquoi m’apportez-vous ma lyre,
Spectres légers ? — que voulez-vous ?
Fantastiques beautés, ce lugubre sourire
M’annonce-t-il votre courroux ?
Sur vos écharpes éclatantes
Pourquoi flotte à longs plis ce crêpe menaçant ?
Pourquoi sur des festons ces chaînes insultantes,
Et ces roses, teintes de sang ?
Retirez-vous : rentrez dans les sombres abîmes…
Ah ! que me montrez-vous ?… quels sont ces trois tombeaux ?
Quel est ce char affreux, surchargé de victimes ?
Quels sont ces meurtriers, couverts d’impurs lambeaux ?
J’entends des chants de mort ; j’entends des cris de fête.