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VII

LA DOULEUR DU PACHA.


Séparé de tout ce qui m’était cher, je me consume solitaire et désolé.
Biron.


— Qu’a donc l’ombre d’Allah ? disait l’humble derviche ;
Son aumône est bien pauvre et son trésor bien riche !
Sombre, immobile, avare, il rit d’un rire amer.
A-t-il donc ébréché le sabre de son père ?
Ou bien de ses soldats autour de son repaire

Vu rugir l’orageuse mer ?


— Qu’a-t-il donc le pacha, le vizir des armées ?
Disaient les bombardiers, leurs mèches allumées.
Les imans troublent-ils cette tête de fer ?
A-t-il du ramazan rompu le jeûne austère ?
Lui font-ils voir en rêve, aux bornes de la terre,
L’ange Azraël debout sur le pont de l’enfer ?

— Qu’a-t-il donc ? murmuraient les icoglans stupides.
Dit-on qu’il ait perdu, dans les courants rapides,
Le vaisseau des parfums qui le font rajeunir ?
Trouve-t-on à Stamboul sa gloire assez ancienne ?
Dans les prédictions de quelque égyptienne

A-t-il vu le muet venir ?


— Qu’a donc le doux sultan ? demandaient les sultanes.