Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/744

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Puis c’étaient des bijoux, des colliers, des merveilles !
Des ceintures de moire aux ondoyants reflets ;
Des tissus plus légers que des ailes d’abeilles ;
Des festons, des rubans, à remplir des corbeilles ;

Des fleurs, à payer un palais !


La fête commencée, avec ses sœurs rieuses
Elle accourait, froissant l’éventail sous ses doigts,
Puis s’asseyait parmi les écharpes soyeuses,
Et son cœur éclatait en fanfares joyeuses,

Avec l’orchestre aux mille voix.


C’était plaisir de voir danser la jeune fille !
Sa basquine agitait ses paillettes d’azur ;
Ses grands yeux noirs brillaient sous la noire mantille.
Telle une double étoile au front des nuits scintille

Sous les plis d’un nuage obscur.


Tout en elle était danse, et rire, et folle joie.
Enfant ! — Nous l’admirions dans nos tristes loisirs ;
Car ce n’est point au bal que le cœur se déploie,
La cendre y vole autour des tuniques de soie,

L’ennui sombre autour des plaisirs.


Mais elle, par la valse ou la ronde emportée,
Volait, et revenait, et ne respirait pas,
Et s’enivrait des sons de la flûte vantée,
Des fleurs, des lustres d’or, de la fête enchantée,

Du bruit des voix, du bruit des pas.


Quel bonheur de bondir, éperdue, en la foule,
De sentir par le bal ses sens multipliés,
Et de ne pas savoir si dans la nue on roule,
Si l’on chasse en fuyant la terre, ou si l’on foule

Un flot tournoyant sous ses pieds !