Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/396

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Qui tantôt, furieux, se roule au pied des tours,
Tantôt, d’un mouvement formidable et tranquille,
Troue un rempart de pierre et traverse une ville
Avec son front sonore où battent vingt tambours !

"Là-haut, c’est l’empereur avec ses capitaines,
Qui songe s’il ira vers ces terres lointaines
Où se tourne son char,
Et s’il doit préférer pour vaincre ou se défendre
La courbe d’Annibal ou l’angle d’Alexandre
Au carré de César.

"Là, c’est l’artillerie aux cent gueules de fonte,
D’où la fumée à flot monte, tombe et remonte,
Qui broie une cité, détruit les garnisons
Ruine par la brèche incessamment accrue
Tours, dômes, ponts, clochers, et, comme une charrue,
Creuse une horrible rue à travers les maisons ! "

Et tous les souvenirs qu’à ton front taciturne
Chaque siècle en passant versera de son urne
Leur reviendront au cœur.
Ils feront de ton mur jaillir ta vieille histoire,
Sur ton cimier vainqueur ;

"Oh ! que tout était grand dans cette époque antique !
Si les ans n’avaient pas dévasté ce portique,
Sous en retrouverions encor bien des lambeaux !
Mais le temps, grand semeur de la ronce et du lierre,
Touche les monuments d’une main familière,
Et déchire le livre aux endroits les plus beaux ! "