Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/476

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L’étudiant de près,
Sur mon drame touffu dont le branchage plie,
J’entends tomber ses pleurs comme la large pluie
Aux feuilles des forêts !

Mais quel labeur aussi ! que de flots ! quelle écume !
Surtout lorsque l’envie, au cœur plein d’amertume,
Au regard vide et mort,
Fait, pour les vils besoins de ses luttes vulgaires,
D’une bouche d’ami qui souriait naguères
Une bouche qui mord !

Quel vie ! et quel siècle alentour ! — Vertu, gloire,
Pouvoir, génie et foi, tout ce qu’il faudrait croire,
Tout ce que nous valons,
Le peu qui nous restait de nos splendeurs décrues,
Est traîné sur la claie et suivi dans les rues
Par le rire en haillons !

Combien de calomnie et combien de bassesse !
Combien de pamphlets vils qui flagellent sans cesse
Quiconque vient du ciel,
Et qui font, la blessant de leur lance payée,
Boire à la vérité, pâle et crucifiée,
Leur éponge de fiel !

Combien d’acharnements sur toutes les victimes !
Que de rhéteurs, penchés sur le bord des abîmes,
Riant, ô cruauté !
De voir l’affreux poison qui de leurs doigts découle,
Goutte à goutte, ou par flots, quand leurs mains sur la foule
Tordent l’impiété !

L’homme, vers le plaisir se ruant par cent voies,
Ne songe qu’à bien vivre et qu’à chercher des proies ;
L’argent est adoré ;
Hélas ! nos passions ont des serres infâmes