Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/489

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Et je dis au bonheur ce que dit le nocher
Aux rives décroissantes.

Qu’importe ! je m’abrite en un calme profond,
Plaignant surtout les femmes ;
Et je vis l’œil fixé sur le ciel où s’en vont
Les ailes et les âmes.

Dieu nous donne à chacun notre part du destin,
Au fort, au faible, au lâche,
Comme un maître soigneux levé dès le matin
Divise à tous leur tâche.

Soyons grands. Le grand cœur à Dieu même est pareil.
Laissons, doux ou funestes,
Se croiser sur nos pieds la foudre et le soleil,
Ces deux clartés célestes.

Laissons gronder en bas cet orage irrité
Qui toujours nous assiège ;
Et gardons au-dessus notre tranquillité,
Comme le mont sa neige.

Va, nul mortel ne brise avec la passion,
Vainement obstinée,
Cette âpre loi que l’un nomme Expiation
Et l’autre Destinée.

Hélas ! de quelque nom que, broyé sous l’essieu,
L’orgueil humain la nomme,
Roue immense et fatale, elle tourne sur Dieu,
Elle roule sur l’homme ! "

15 octobre 1837