La rumeur de la mer profonde,
Et le bruit éloigné des révolutions !
Solitude où parfois des collines prochaines
On voit venir les faons qui foulent sous les chênes
Le gazon endormi,
Et qui, pour aspirer le vent dans la clairière,
Effarés, frissonnants, sur leurs pieds de derrière
Se dressent à demi !
Fière église où priait le roi des temps antiques,
Grave, ayant pour pavé sous les arches gothiques
Les tombeaux paternels qu’il usait du genou !
Porte où superbement tant d’archers et de gardes
Veillaient, multipliant l’éclair des hallebardes,
Et qu’un pâtre aujourd’hui ferme avec un vieux clou !
Patrie où, quand la guerre agitait leurs rivages,
Les grands lords montagnards comptaient leurs clans sauvages
Et leurs noirs bataillons ;
Où maintenant sur l’herbe, au soleil, sous des lierres,
Les vieilles aux pieds nus qui marchent dans les pierres
Font sécher des haillons !
Holyrood ! Holyrood ! la ronce est sur tes dalles.
Le chevreau broute au bas de tes tours féodales.
O fureur des rivaux ardents à se chercher !
Amours ! Darnley ! Rizzio ! quel néant est le vôtre !
Tous deux sont là, — l’un près de l’autre ; —
L’un est une ombre, et l’autre une tâche au plancher !
Hélas ! que de leçons sous tes voûtes funèbres !
Oh ! que d’enseignements on lit dans les ténèbres
Sur ton seuil renversé,
Sur tes murs tout empreints d’une étrange fortune,
Vaguement éclairés dans ce reflet de lune
Que jette le passé !
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