Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/666

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Nous irons voir de monde en monde
S’épanouir ton unité ;

Cherchant dans ces cieux que tu règles
L’ombre de ceux que nous aimons,
Comme une troupe de grands aigles
Qui s’envole à travers les monts !

Car, lorsque la mort nous réclame,
L’esprit des sens brise le sceau.
Car la tombe est un nid où l’âme
Prend des ailes comme l’oiseau !

Ô songe ! ô vision sereine !
Nous saurons le secret de tout,
Et ce rayon qui sur nous traîne,
Nous en pourrons voir l’autre bout !

Ô Seigneur ! l’humble créature
Pourra voir enfin à son tour
L’autre côté de la nature
Sur lequel tombe votre jour !

Nous pourrons comparer, poètes,
Penseurs croyant en nos raisons,
À tous les mondes que vous faites
Tous les rêves que nous faisons !

En attendant, sur cette terre,
Nous errons, troupeau désuni,
Portant en nous ce grand mystère :
Oeil borné, regard infini.

L’homme au hasard choisit sa route ;
Et toujours, quoi que nous fassions,