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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome V.djvu/270

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Son flanc, mon noir séjour…
Viens, couvrant de baisers son vague rire horrible,
Dans ce commencement d’éternité terrible
Finir ta nuit d’amour !



Ô vie universelle, où donc est ton dictame ?
Qu’est-ce que ton baiser ? Un lèchement de flamme.
Le cœur humain veut tout,
Prend tout, l’or, le plaisir, le ciel bleu, l’herbe verte…
Et dans l’éternité sinistrement ouverte
Se vide tout à coup.

La vie est une joie où le meurtre fourmille,
Et la création se dévore en famille.
Baal dévore Pan.
L’arbre, s’il le pouvait, épuiserait la sève ;
Léviathan, bâillant dans les ténèbres, rêve
D’engloutir l’Océan ;

L’onagre est au boa qui glisse et l’enveloppe ;
Le lynx tacheté saute et saisit l’antilope ;
La rouille use le fer ;
La mort du grand lion est la fête des mouches ;
On voit sous l’eau s’ouvrir confusément les bouches
Des bêtes de la mer ;

Le crocodile affreux, dont le Nil cache l’antre,
Et qui laisse aux roseaux la marque de son ventre,
À peur de l’ichneumon ;
L’hirondelle devant le gypaète émigre ;
Le colibri, sitôt qu’il a faim, devient tigre ;
L’oiseau-mouche est démon.

Le volcan, c’est le feu chez lui, tyran et maître,
Mâchant les durs rochers, féroce et parfois traître,