Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VI.djvu/241

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Il faut, soleil du siècle, en éclipser les astres ;
Il faut, héros accru même par les désastres,
Dépasser Lafayette, effacer Mirabeau,
Sortir du fond des mers où l’autre ciel commence,
Et mêler la grandeur de l’océan immense
             A la majesté du tombeau !


IV.

 
Oh ! t’abaisser n’est pas facile,
France, sommet des nations !
Toi que l’idée a pour asile,
Mère des révolutions !
Aux choses dont tu fais le moule
Tout l’univers travaille en foule ;
Ta chaleur dans ses veines coule ;
Il t’obéit avec orgueil ;
Il marche, il forge, il tente, il fonde ;
Toi, tu penses, grave et féconde... —
La France est la tête du monde,
Cyclope dont Paris est l’œil !

Te détruire ? — audace insensée !
Crime ! folie ! impiété !
Ce serait ôter la pensée
A la future humanité !
Ce serait aveugler les races !
Car, dans le chemin que tu traces,
Dans le cercle où tu les embrasses,
Tous les peuples doivent s’unir ;
L’esprit des temps à ta voix change ;
Tout ce qui naît sous toi se range ! —
Qui donc ferait ce rêve étrange
De décapiter l’avenir ?