Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/251

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Chacun de ces deux bons princes
(De là tous leurs différends)
Trouve ses états trop minces
Et ceux du voisin trop grands.

Les peuples, eux, sont candides ;
Tout se termine à leur gré
Par un dôme d’Invalides
Plein d’infirmes et doré.

Les rois font pour la victoire
Un hospice, où le guerrier
Ira boiter dans la gloire,
Borgne, et coiffé d’un laurier.

Nous admirions ; mais, farouche,
En nous voyant tous béats,
Jean Sévère ouvrit la bouche
Et dit ces alinéas :

« — Le pauvre genre humain pleure,
Nos pas sont tremblants et courts,
Je suis très ivre, et c’est l’heure
De faire un sage discours.

« Le penseur joint sous la treille
La logique à la boisson ;
Le sage, après la bouteille,
Doit déboucher la raison.

« Faire, au lieu des deux armées,
Battre les deux généraux.
Diminuerait les fumées
Et grandirait les héros.