Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/312

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Dans le gouffre, piège muet,
D’où pas un conseil ne s’élance,
Déjoue, ô toi, grand inquiet,
La méchanceté du silence.

Tes pieds volants, tes yeux de lynx
Peuvent sonder tous les peut-êtres ;
Toi seul peux faire peur aux sphinx
Et leur dire : Ah çà, parlez, traîtres !

D’en haut, jette à l’homme indécis
Tous les mots des énigmes louches.
Déchire la robe d’Isis,
Fais retirer les doigts des bouches.

Connaître, c’est là notre faim.
Toi, notre esprit, presse et réclame.
Que la matière avoue enfin,
Mise à la question par l’âme.

Et qu’on sache à quoi s’en tenir
Sur la quantité de souffrance
Dont il faut payer l’avenir,
Dût pleurer un peu l’espérance !


VIII


Sois le trouble-fête du mal,
Force le dessous à paraître.
Tire du sultan l’animal,
Du dieu le nain, l’homme du prêtre.