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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/431

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NOTES EXPLICATIVES

Dieu nous berne
Dieu nous raille. Il n’est pas d’usurpateur
L’ambitieux pensif, l’usurpateur en herbe
Qui n’ait dit, en rêvant le trône :
Dit en préméditant le trône : C’est superbe !
On est le maître ! On a du bonheur
On est le maître ! On a de l’argent
Être le prince ! avoir des foudres plein les mains !
On passe, regarde par tous les jeux humains
Le prince passe, auguste, admiré des humains,
Au-dessus de la terre on
Au-dessus de la terre, il est dans la comète.

Voici, toujours dans la même scène, un enchaînement de premier jet avec une lacune de deux rimes masculines ; le remaniement a exigé le feuillet D bis. Certains vers, dans ceux que nous allons reproduire, ont été utilisés ; nous les donnons pourtant avec leurs variantes, pour que le lecteur en puisse suivre le premier développement :

Ils appellent cela la majesté. C’est bête !
Après mon coup d’état je rêve un coup de tête
Les coups d’état parfois mènent aux coups de tête
Pour le premier venu la vie est une fête.
Sais-tu ce qui serait mon goût ? Vivre à Paris !
Rome a son carnaval, Stamboul a ses houris,
Mais Paris ! Oui, c’est là qu’il faudrait que je vinsse
Si je veux être un gueux sans cesser d’être un prince.
Jamais comme à Paris les gens d’esprit n’ont pu
Savourer le parfum d’un éden corrompu.
Paris endort les sens et l’âme
Paris gâte la femme et l’homme, et les attaque
Par toute l’oasis
Par tout le paradis que peut faire un cloaque.
J’aime Paris. Je hais la royauté surfaite.

Un peu plus bas, sous une rature, nous découvrons l’âge du « rêve » de Gallus.

Avoir ma Pompadour comme un roi très chrétien,
Je rêve ça ! Vingt ans,
Je prémédite ça ! Mille défauts ! pas veuve,
Et je la cherche aux bois pour l’avoir toute neuve.
Tel est mon idéal. L’ennui, j’en fais l’aveu,
Me ronge, je confie au destin
Me ronge, je confie au bon Dieu mon neveu.
Et moi, de mon côté, je vais dans la nature
Et moi, de mon côté, je vais à l’aventure.
Je suis un cœur errant quêtant sa nourriture.
Quærens quem devoret.
Je m’ennuie, entends-tu.
Vois, je bâille. J’ai faim. Je n’ai rien sous la dent.
Oh ! je quête en tous lieux
Oh ! Je voudrais trouver
Je voudrais rencontrer quelque être indépendant.