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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XV.djvu/29

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Vous tomberez, monts orgueilleux !
Tu tomberas, vaste Lutèce ;
Tes champs où règne la mollesse
Seront un jour des champs déserts ;
Tous ces monuments qu’on renomme.
Qu’a créés et qu’admire l’homme.
Disparaîtront de l’univers.

Mais d’une cité périssable
Si le sort compte les instants ,
II est un pouvoir plus durable
Qui seul peut défier le Temps ;
C’est le Génie : en vain Saturne
L’entraîne, d’un air taciturne.
Au gouffre ouvert devant ses pas ;
Il brave sa faulx étonnée.
Et sur la terre prosternée
Lève un fi-ont, exempt du trépas.

Son trône s’élève et subsiste
Sur les empires ébranlés ;
Ilion fuit, Homère existe.
Et trois mille ans sont écoulés.
En vain gronde à ses pieds l’envie ;
Sûr de son éternelle vie ,
Il la surmonte avec fierté ;
Et sur les ailes de la gloire.
Il vole, au temple de Mémoire,
Conquérir l’Immortalité.