Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome IX.djvu/388

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IV
la convention.

Ce dossier, très volumineux, comprend sept parties portant les sous-titres que nous avons mentionnés page 352. C’est de ces notes qu’a été tiré le livre iii de la deuxième partie ; en général, les notes utilisées sont biffées, il en reste encore beaucoup à glaner. Un fragment important, sans date, mais dont l’écriture nous semble être de 1848, était sans doute destiné à être publié séparément :

la salle.

C’est dans cette salle du Manège que Louis xvi fut jugé. On l’amena à la barre par un couloir étroit pratiqué dans la largeur de la salle. Le fauteuil du président faisait face à la barre.

La forme de cette salle était oblongue. On y entendait très bien. À la Convention, les orateurs parlaient volontiers de leur place et ne montaient à la tribune que pour les grands mots ou les grands coups. L’aspect de la salle était pauvre et sordide. Les représentants y siégeaient vêtus de leurs habits de ville, la plupart malpropres pour la popularité. Danton et Lacroix y vinrent les premiers en sans-culottes, c’est-à-dire avec des pantalons larges et des vestes courtes. Cette veste courte était la carmagnole. De nos jours elle a été remplacée par la blouse courte. Au milieu de cette horde étaient gravement assis des huissiers vêtus de noir, en bas noirs avec souliers à boucles, des cravates blanches au cou, et poudrés. M. de Pontécoulant me disait : Les huissiers avaient l’air d’être les sénateurs ; les sénateurs n’avaient pas même l’air d’être des huissiers.

Peu à peu la misère acheva ce délabrement que la popularité avait commencé. D’apparent il devint réel. Les représentants avaient dix-huit francs par jour. Dix-huit francs en assignats, c’est-à-dire moins que rien, l’ironie de quelque chose. Avec ces chiffons d’assignats nul moyen de se loger, ni de se nourrir, ni de se vêtir. Les habits de négligés devinrent misérables. On alla faire des lois les coudes percés. Un jour, on fit aux membres de la Convention une distribution de pruneaux, une autre fois on leur délivra des bons de pain, une autre fois on leur donna du drap. Législateurs en guenilles sous lesquels la terre tremblait.

À cette époque il n’y avait plus dans Paris ni riches, ni pauvres. Il fallait un bon pour vivre. La commune distribuait à chaque habitant deux onces de pain par tête, d’un pain d’orge et de seigle à peine cuit. Un jour, Doumerc, qui fut depuis intendant général de l’armée, vint au comité de salut public tout rayonnant et dit : La France est sauvée ! J’ai fait mes calculs. Nous allons pouvoir donner quatre onces de pain au lieu de deux, et six sous à chaque officier.

Les membres de la Convention ne recevaient aucun imprimé à domicile, ni convocation, ni ordre du jour. En arrivant à la salle des séances chaque membre