Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome IX.djvu/390

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la révolution. — détails. — petits faits caractéristiques.

(Démonstrations girondines.) Le 3 novembre 1792, des fédérés des provinces et des Dragons de la Liberté parcouraient Paris, le sabre à la main, en chantant ce refrain :

La tête de Marat, Robespierre et Danton,
Et d’tous ceux qui les défendront,
Ô gué !

Ivres. Et ils ajoutaient : Pas de procès au roi ! À la guillotine, Robespierre !


faïences.

Dans l’assiette :

Vivre libre ou mourir !

Sur le pot à l’eau, une cage vide avec cette légende :

Vive la liberté.

Plat à barbe. Au fond, un tombeau noir et des cyprès avec cette légende :

Aux mânes de Mirabeau.

On appelait les condamnés des charretées les cardinaux à cause de la chemise rouge.


Le Chapelier dit à d’Éprémesnil : — Monsieur d’Éprémesnil, problème à résoudre. — Lequel ? — Quand nous serons dans la charrette, auquel de nous deux s’adresseront les huées ? — À tous deux, dit d’Éprémesnil.


Riouffe, emprisonné plus d’un an à la Conciergerie et qui a échappé, écrit : — J’ai été quatorze mois sous l’échafaud.


93 avait mis en coupe réglée toute l’ancienne société française. Chaque jour des têtes tombaient, l’échafaud était permanent, et tous les soirs des troupes de chiens venaient lécher le sang tiède et fumant entre les fentes des pavés.

Quand un de ces condamnés sortait de la prison pour monter sur la charrette, le geôlier ramassait les quelques effets qu’il laissait dans son cachot et en dressait l’inventaire. Nous avons en ce moment sous les yeux un de ces procès-verbaux contenant vingt-quatre noms et signé par Guiard, concierge de la prison du Luxembourg ;