— Je le connais. Il a fait le voyage de Jersey.
Un prêtre sortit des rangs, et dit :
— Trois fois.
Le marquis tourna la tête.
— Bonjour, monsieur le vicaire. Vous allez avoir de la besogne.
— Tant mieux, monsieur le marquis.
— Vous aurez du monde à confesser. Ceux qui voudront. On ne force personne.
— Monsieur le marquis, dit le prêtre, Gaston, à Guéménée, force les républicains à se confesser.
— C’est un perruquier, dit le marquis. Mais la mort doit être libre.
Gavard, qui était allé donner quelques consignes, revint.
— Mon général, j’attends vos commandements.
— D’abord, le rendez-vous est à la forêt de Fougères. Qu’on se disperse et qu’on y aille.
— L’ordre est donné.
— Ne m’avez-vous pas dit que les gens d’Herbe-en-Pail avaient bien reçu les bleus ?
— Oui, mon général.
— Vous avez brûlé la ferme ?
— Oui.
— Avez-vous brûlé le hameau ?
— Non.
— Brûlez-le.
— Les bleus ont essayé de se défendre ; mais ils étaient cent cinquante et nous étions sept mille.
— Qu’est-ce que c’est que ces bleus-là ?
— Des bleus de Santerre.
— Qui a commandé le roulement de tambours pendant qu’on coupait la tête au roi. Alors c’est un bataillon de Paris ?
— Un demi-bataillon.
— Comment s’appelle ce bataillon ?
— Mon général, il y a sur le drapeau : Bataillon du Bonnet-Rouge.
— Des bêtes féroces.
— Que faut-il faire des blessés ?
— Achevez-les.
— Que faut-il faire des prisonniers ?
— Fusillez-les.
— Il y en a environ quatrevingts.
— Fusillez tout.