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RELIQUAT DES MISÉRABLES.

absolument avec la royauté. Son inviolabilité et son irresponsabilité le placent dans tous les cas au-dessus de la loi. En cas même de délit ou de crime personnel qui serait commis par lui comme homme, la loi ignore et nie, et ne l’atteint pas. Le roi ne peut commettre ni crime, ni délit.

La chambre des pairs est souveraine 5 elle est inviolable et irresponsable. Le pair, inviolable et irresponsable, est politiquement souverain. Il se confond avec la chambre ; seulement, il peut commettre des crimes et des délits 3 alors son inviolabilité et son irresponsabilité cessent. La loi le saisit, et la chambre se sépare de lui pour le juger.

La chambre des députés est souveraine ; elle est inviolable et irresponsable ; mais le député ne se confond pas avec elle. Il n’est inviolable que six semaines avant et six semaines après la session ; pour tous ses actes personnels, il relève de la loi pénale et de la juridiction commune ; enfin il peut cesser d’être député, et alors la chambre ne le connaît plus.

Je viens de le dire, la chambre des députés représente la vie, de là sa physionomie variable, multiple, mobile, tumultueuse. C’est là un rôle immense ; mais qu’on ne l’oublie pas, les deux autres pouvoirs n’ont pas une fonction moins nécessaire. Se représente-t-on la vie sans la forme, et la forme sans l’unité ?




Le cinquième fragment porte sur la doctrine du parti républicain et le principe électif. Victor Hugo reconnaît l’excellence de ce principe ; à ce titre le gouvernement républicain serait pour lui le meilleur si l’élection était dégagée de toutes les intrigues soustraite aux calomnies, affranchie des corruptions, et il conclut que l’hérédité et l’élection ayant leurs vices et leurs avantages, on peut admettre les deux modes ; c’est ce qui le conduit à adopter le gouvernement parlementaire.


[V]


Le parti républicain, confondant la souveraineté du peuple avec le principe électif, revendiquait le principe électif et repoussait le principe héréditaire. Quelques mots sur l’élection.

[1]Si l’élection était absolument bonne, c’est-à-dire infaillible, le gouvernement qui résulterait de l’élection à tous ses degrés depuis la base jusqu’au sommet, en d’autres termes le gouvernement républicain serait le meilleur de tous.

Or l’élection est-elle infaillible ? la théorie voudrait bien dire oui, mais l’expérience dit non.

L’expérience a prouvé que l’élection se trompe et a souvent la main malheureuse. Regardez : quel mode d’élection voulez-vous ? est-ce l’élection de bas en haut ? elle fonctionne dans les collèges électoraux et elle produit la chambre des députés. Êtes-

  1. À partir d’ici commence la copie annotée par Victor Hugo.