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NOTES DE L’ÉDITEUR.




HISTORIQUE DES MISÉRABLES.


Nous avons raconté les origines des Misérables, étudié la marche du travail, exposé la méthode suivie par Victor Hugo dans ce travail. Nous parlerons ici des traités avec les éditeurs, de la fabrication matérielle du livre, et de la mise en vente.

Nous avons dit qu’un traité sous seing privé avait été signé en 1832 avec MM. Gosselin et Renduel. Victor Hugo leur cédait la propriété d’un roman en deux volumes.

Ce traité était, d’un commun accord, modifié le 30 décembre 1847. Il était cette fois plus explicite ; il mentionnait le titre du roman : les Misères, et indiquait la suppression ou tout au moins l’ajournement du premier chapitre intitulé : Manuscrit de l’Évêque.

Dès cette époque, Victor Hugo prévoyait un certain nombre de volumes puisqu’il était question d’un « grand ouvrage » dans le traité de 1847.

On ne se doutait guère alors que l’œuvre était déjà fort avancée. Victor Hugo avait travaillé activement sans faire de confidences à personne. Gosselin et Renduel ne savaient pas grand’chose en dehors de ce que contenait leur contrat, et, pour le public, les événements politiques devaient émousser rapidement toutes les curiosités en matière littéraire.

La révolution de 1848, puis le coup d’État forcèrent d’ailleurs Victor Hugo à interrompre son travail. L’empire lui avait préparé d’autres occupations. Les circonstances n’étaient pas favorables pour achever un roman et le publier, et en effet, de 1848 jusqu’en 1854 on n’entend plus parler des Misérables. C’est seulement en février 1854, sur la couverture d’une brochure contenant une lettre de Victor Hugo à lord Palmerston qu’un avis des éditeurs annonce la prochaine publication des Misérables en six volumes.


démarches des éditeurs.


Un éditeur belge, Henry Samuel, avait été cependant à l’affût du roman, et il eut avec Victor Hugo, très vraisemblablement à Bruxelles, une conversation qu’on peut faire remonter au début de l’exil, car il ne connaît pas encore l’œuvre sous le titre : les Misérables, il ne parle que des Misères et remet à Victor Hugo, en guise de proposition, une note ainsi conçue :


Les Misères, roman en six volumes, conformes aux romans de l’édition Renduel.

La propriété entière pendant dix ans moyennant quinze mille francs par volume ou 90,000 francs payables au fur et à mesure des livraisons du manuscrit, moitié comptant, moitié à six mois.

Dans le cas où le traité avec MM. Gosselin et Renduel pour la publication d’une édition à 3,000 des deux premiers volumes serait exécuté, le prix serait réduit à 80,000 et l’on toucherait au lieu et place de M. Hugo les 12,000 francs, prix de cette édition.

On s’interdit expressément le droit d’une première publication dans les journaux.


Cette note fait allusion, comme on le voit, aux traites de 1832 et de 1847.