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LORD ROSEBERRY.
Je respire !
Bas, aux autres cavaliers.

Le but du rendez-vous échappe à ses regards.
Il a vu les flacons, et non pas les poignards.

À Richard Cromwell.

Mon cher Richard, croyez…


RICHARD CROMWELL.
Haute trahison, dis-je !

Vraiment de votre part ce procédé m’afflige.
Quoi ! vous vous enivrez, et ne m’en dites rien !
Qu’ai-je fait ? suis-je pas, comme vous, un vaurien ?
Boire sans moi ! c’est mal. D’ailleurs, je sais me taire.
Qu’aux puritains sournois vous en fassiez mystère,
Que vous vous déguisiez sous ces larges chapeaux.
Sous ces manteaux grossiers, je le trouve à propos.
Mais vous cacher de moi, qui, dans ce sanctuaire,
Rirais tout le premier de la loi somptuaire.
Et des sobres Solons dont les bills absolus
Fixent l’écot par tête à trois schellings au plus !
Est-ce là, je vous prie, agir en camarades ?
Reculé-je jamais devant vos algarades ?
M’a-t-on moins vu, malgré les règlements nouveaux,
Dans les combats de coqs, les courses de chevaux ?
Enfin, suivant partout votre audace étourdie,
N’ai-je pas avec vous joué la comédie ?


BAREBONE, indigné, à part.

Saducéen !


RICHARD CROMWELL.
Duels, gais festins, mauvais coups,

Me trouvent toujours prêt : — que me reprochez-vous ?


LORD CLIFFORD.

Vos bonnes qualités, dont le mérite éclate.
Nous sont chères.


RICHARD CROMWELL.
Mais non. Peut-être je me flatte.

Souvent de nos défauts notre œil est écarté.