Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/131

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CROMWELL, à Whitelocke, haut.
Bon ! — Qu’on le fasse fondre !
Je donne ce métal aux hôpitaux de Londre.
À Filippi stupéfait.
Je ne puis mieux, je pense, employer ces joyaux.

Ces parures de femme et ces hochets royaux.
Je ne saurais qu’en faire.

DON LUIS DE CARDENAS, à part.
Est-ce donc qu’il s’obstine
À rester Protecteur ?
MANCINI, bas au duc de Créqui.
Il pourrait à Christine
Envoyer en échange une tête de roi.
LE DUC DE CRÉQUI, bas à Mancini.
Oui, ce digne présent finirait mieux, je croi.

Le vassal régicide à la reine assassine.

CROMWELL, congédiant Filippi d’un geste mécontent.
Adieu, seigneur suédois, natif de Terracine !
Bas à Whitelocke.
Filippi ! Mancini ! toujours d’étroits liens

Ont marié l’intrigue à des italiens.
Ces bâtards des romains, sans lois, sans caractère,
Héritiers dégradés des maîtres de la terre
Qui levèrent si haut le sceptre des combats.
Gouvernent bien encor le monde, mais d’en bas !
La Rome dont l’Europe aujourd’hui suit la règle
Porte un regard de lynx où planait l’œil de l’aigle.
À la chaîne, imposée à vingt peuples lointains.
Succède un fil caché qui meut de vils pantins.
Ô nains fils des géants ! renards nés de la louve !
Avec vos mots mielleux partout on vous retrouve,
Filippi, Mancini, Torti, Mazarini !

Satan pour intriguer doit prendre un nom en i !
Aux envoyés flamands, après une pause.
Flamands, qu’attendez-vous ? les trêves sont finies.