Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/156

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CARR , gravement.
Cessez, je vous le dis, de parler de la sorte.
LE SERGENT MAYNARD.
Mylord, s’il te voyait, t’enverrait à la Tour.
Carr le regarde en haussant les épaules.

SIR WILLIAM MURRAY, désignant la toilette puritaine de Carr.
D’ailleurs, est-ce un costume à paraître à la cour ?
M. WILLIAM LENTHALL.
Il faudrait que mylord ne se respectât guère

Pour te parler.

TOUS.
Dehors !
Ils se jettent sur Carr et veulent l’entraîner.

CARR, se débattant, avec une voix lamentable.
Dieu des hommes de guerre !
Ô Sabaoth ! sur moi jette un coup d’œil !
TOUS, le poussant.
Va-t’en.

CARR, poursuivant son invocation, et levant les yeux au ciel.
Je lutte pour ta cause avec Léviathan !
Entre Cromwell accompagné de Thurloë. Tous s’arrêtent, se découvrent et s’inclinent jusqu’à terre. Carr remet sur sa tête son chapeau qui était tombé dans la bagarre, et reprend son attitude austère et extatique.

CROMWELL, considérant Carr avec surprise.

C’est Carr l’indépendant !
Aux autres avec un geste dédaigneux.
Sortez !
À part.
Mystère étrange !
Tous, frappés d’étonnement, sortent avec une révérence profonde.
Carr demeure impassible.

WALLER, bas à M. William Lenthall, et en lui montrant Carr.
Il nous l’avait prédit. — Laissons Loth avec l’ange.