Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/166

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CROMWELL.
Que veux-tu ? parle.

CARR.
Abdique.

CROMWELL, à part.
Il est incorrigible !
Haut, après un moment de réflexion.
Ami, pour abdiquer,
Suis-je roi ?
CARR.
Subterfuge ! eh quoi, déjà manquer
À ta promesse ?
CROMWELL, interdit.
Hé non !

CARR.
Je le vois, tu balances.

CROMWELL, soupirant.
Hélas ! je me suis fait cent fois des violences

Pour garder le pouvoir. Le pouvoir est ma croix.

CARR, hochant la tête.
Tu ne t’amendes point, Cromwell. Il est, je crois,

Plus aisé qu’un chameau passe au trou d’une aiguille,
Ou le Léviathan au gosier de l’anguille,
Qu’un riche et qu’un puissant par la porte des cieux !

CROMWELL, à part.
Fanatique !
CARR, à part.
Hypocrite ! —
À Cromwell.
En discours captieux
Tu t’épuises en vain.
CROMWELL, d’un air contrit.
Daigne m’entendre, frère.
J’en conviens, ma puissance est injuste, arbitraire ;