Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/172

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M. WILLIAM LENTHALL, à part.
L’amitié que pour lui mylord a fait paraître

Doit être utile à ceux dont, par occasion,
Il daigne apostiller quelque pétition.

S’il voulait me servir ?... Du maître il a l’oreille.
Il s’approche de Carr avec force révérences.
Mylord, — daigneriez-vous, par grâce sans pareille.

Dire à qui vous savez, pour moi, bon citoyen,
Mylord, un de ces mots que vous dites si bien ?
J’ai droit d’être fait lord : je suis maître des rôles,
Et...

CARR, ouvrant des yeux étonnés.
J’ai pendu ma harpe à la branche des saules,
Et je ne chante pas les chants de mon pays
Aux babyloniens qui nous ont envahis.
En voyant la démarche de Lenthall, tous s’approchent précipitamment
et environnent Carr.

LE SERGENT MAYNARD, à Carr.
À nos pétitions…
M. WILLIAM LENTHALL, découragé, à Maynard.
Il nous garde rancune !

SIR WILLIAM MURRAY, perçant le groupe.
Hé ! sa grâce ne veut en apostiller qu’une.

Protégez-moi, mylord ! — Puisqu’on va faire un roi,
Je puis à son altesse être utile, je croi.
Je suis noble écossais. De faveurs sans égales
J’ai joui, tout enfant, près du prince de Galles.
Chaque fois que cédant à quelque esprit mauvais
Son altesse royale avait failli, j’avais
Le privilège unique, et qui n’était pas mince.
De recevoir le fouet que méritait le prince.

CARR, avec une indignation concentrée.
Plat sycophante ! ainsi, doublement criminel,

Il fut vil chez Stuart, il est vil chez Cromwell.
Comme Miphiboseth, il boite des deux jambes.