Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/217

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GRAMADOCH.
Le Cromwell, qui croit tout soumettre à son contrôle,

Ferait bien d’emprunter l’œil de ses quatre fous.
Si nous l’avertissions ?

GIRAFF.
Quoi donc ! l’avertir ? nous ?

Es-tu fou, Gramadoch ? Est-ce là notre affaire ?
Que sommes-nous pour Noll ? Restons dans notre sphère.
Il nous prend, et pourrait même nous mieux payer,
Non pour garder ses jours, mais pour les égayer.
Qu’on enlève sa fille et qu’on force sa porte,
Qu’on le tonde ou l’étrangle, au fait, que nous importe ?

GRAMADOCH.
Il a raison.
ELESPURU.
Sans doute.

TRICK.
Hé ! chacun nos métiers.
Il règne : nous rions. — Qu’on le coupe en quartiers.

Qu’on le brûle ou l’écorche, il n’a rien à nous dire
Pourvu que nous ayons toujours le mot pour rire.

ELESPURU.
Comme nos ris vengeurs puniront ses dédains !

Comme du roi manqué riront les baladins !

GRAMMADOCH.
Puis, ce faux chapelain dans le fond nous ressemble.

Les fous, les amoureux vont toujours bien ensemble.
Son nom d’Obededom semble être fait ad hoc.
Pour Trick, Elespuru, Giraff et Gramadoch !

TRICK.
Mais s’il conspire, ami ! c’est nous qu’il faut défendre.

Si le Stuart rentrait, il nous ferait tous pendre.

ELESPURU.
Pendre de pauvres fous pour quelque quolibet !