Crains-tu pas d’essayer la pointe d’un poignard ?
Ferme ces yeux à qui les étoiles répondent !
Lire au loin dans le ciel un avenir lointain ;
Déchiffrer chaque vie et chaque caractère ;
Voir la clef de l’énigme et le mot du mystère.
Ce mot qu’un doigt suprême, invisible à nos yeux,
Trace avec des soleils sur le livre des cieux !
Quel pouvoir ! c’est de Dieu partager la couronne. —
Moi, qui me contentais de je ne sais quel trône !
Fier de briller au faîte où quelques rois ont lui,
Je méprisais ce juif — Que suis-je près de lui ?
Qu’est-ce que ma puissance auprès de son empire ?
Près du but qu’il atteint qu’est le but où j’aspire ?
Son royaume est le monde, et n’a pas d’horizon. —
Mais non, il ne se peut. La raison… — La raison !
Gouffre où l’on jette tout et qui ne peut rien rendre !
Doute aveugle qui nie à défaut de comprendre !
L’imbécile l’invoque, et rit. C’est plus tôt fait. —
Pourtant, — d’où viendrait-il, ce pouvoir, en effet ?
Dieu marque un but unique à chaque créature.
Les êtres, dont la chaîne embrasse la nature.
Restent tous dans leur sphère, à leur centre, en leur lieu.
La bête ignore l’homme, et l’homme ignore Dieu.
Les cieux ont leur secret, et nous avons le nôtre.
L’âme peut-elle voir d’un monde dans un autre,
Des morts chez les vivants apporter le flambeau ?
Reste-t-elle toujours d’un côté du tombeau ?
Peut-elle après la mort sortir des catacombes.