Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
RICHARD CROMWELL, reculant.
L’espion !

TOUS LES CAVALIERS.
Rochester !

LORD ROCHESTER, à Richard Cromwell.
Vous êtes le bourreau ? — Vous m’étranglez, mon cher.

Oui, comme si j’avais eu deux âmes à rendre !
Ne peut-on donc, l’ami, plus doucement s’y prendre,
Avec le patient agir de bon accord,
Et pendre un homme enfin, sans le serrer si fort ?

LORD ORMOND, consterné.
Rochester !
LORD ROCHESTER, à demi éveillé et touchant le mouchoir qui entoure son cou.
À mon cou la corde est bien passée ;
Mais quoi ! je ne vois point de potence dressée.

À quelque clou rouillé me pendaient-ils ici,
Comme un chat-huant ?

LORD ORMOND.
Où donc est Cromwell ?

CROMWELL, se redressant et d’une voix de tonnerre.
Le voici !
Hors des tentes, Jacob ! Israël, hors des tentes !
À ce cri de Cromwell, les cavaliers étonnés se retournent, et voient le fond du théâtre occupé par une multitude de soldats portant des torches, sortis de tous les points du jardin et de toutes les portes du palais. On distingue au milieu d’eux Thurloë et lord Carlisle. Toutes les fenêtres de White-Hall s’illuminent subitement, et montrent partout des soldats armés de toutes pièces. Cromwell, l’épée à la main, se dessine sur ce fond étincelant.