Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/366

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UN TROISIÈME OUVRIER.
Qui donc vint nous prier de marteler moins fort ?
LE CHEF.
Hé ! ce fut Thomlinson, colonel de service.

Il nous dit de ne point commencer le supplice,
Et que de nos marteaux le bruit désordonné
De son dernier sommeil privait le condamné.

NAHUM.
Il dormait ! c’est étrange.
UN QUATRIÈME OUVRIER.
À ces heures funèbres,
Si quelqu’un nous eût vus, cachés dans les ténèbres,

Construire un échafaud aux lueurs des flambeaux,
Comme des fossoyeurs qui creusent des tombeaux,
Ou comme ces démons qui, par leurs maléfices,
Dressent dans une nuit d’infernaux édifices, —
Ce témoin eût sans doute été bien effrayé !

ENOCH.
J’aime fort ces travaux de nuit ; — c’est bien payé.

Avec mes dix enfants, créatures humaines,
Sur cet échafaud-là j’ai vécu deux semaines.

UN CINQUIÈME OUVRIER.
Nous verrons si Cromwell agira comme il faut,

Et s’il paiera le trône au prix de l’échafaud.

TOM.
C’est pour le tapissier, pour maître Barebone,

Pour lui seul, non pour nous, que cette affaire est bonne.
Il fournit ces rideaux, ces sièges, ces brocarts,
Et de notre salaire il prendra les trois quarts.

NAHUM.
C’est un vendeur du temple !
LE CINQUIÈME OUVRIER.
Un mède !