Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/387

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Voici ce que l’Esprit m’inspirait de vous dire. —
Vous avez à frapper un coup, dont vous tremblez ;
Parmi les spectateurs en ce lieu rassemblés,
Je serai près de vous. Si votre main balance,
Si, de Cromwell premier châtiant l’insolence,
Dès qu’il aura porté la couronne à son front,
Vous ne le poignardez, — moi, je serai plus prompt.

Regardez ce couteau, —
Il montre sa dague à Lambert.
Ce fer, à défaut d’autre,
Pour aller à son cœur passera par le vôtre. —
Lambert recule comme frappé de stupeur et de colère.
Maintenant je vous laisse entre deux lâchetés.
Choisissez ! —
Il sort.
SCÈNE VI.
LAMBERT, BAREBONE, toujours dans le coin du théâtre.
LAMBERT, tremblant de rage et suivant Overton jusqu’à la grande porte.
Vous osez ! Insolent ! — Écoutez !...
Il sort. — Et sur mon front une rougeur brûlante

Accuse cette main, à le punir trop lente !
Il sort ! — M’a-t-il, le traître, assez humilié ?
À quels fous furieux mes projets m’ont lié !
Hélas ! quel est mon sort, depuis que je conspire ?
Sans cesse rejeté loin du but où j’aspire,
Menacé de tout perdre à l’heure où nous vaincrons,
Et dans mille périls poussé par mille affronts !
Foulé par le tyran, froissé par les esclaves ! —
Reculer ? dans l’abîme ! — Avancer ? sur des laves ! —
Overton, ou Cromwell ! — Ou victime, ou bourreau ! —
Quoi ! tirer contre moi le glaive du fourreau ! —
Mais c’est qu’il le ferait ! Je l’en connais capable.
— Il faudra bien frapper !

BAREBONE, sans être entendu ni vu de Lambert.
Cette engeance coupable
Me pillerait !